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Qu’est-ce à dire ? Il y aurait deux sortes de Saintélyon ? Les vrais et les fausses ? Ce 28 novembre à 20h53, le message de RR38 sur Facebook me laisse perplexe : « Tu fais quelle course? la vraie? Le terrain sera gras. » Un gars qui viens de faire la CCC dans des conditions dantesques … de quoi parle-t-il ? Des distances : 42 ou 70 ? Des conditions, lui qui a cette année fait deux, trois courses sous des climats plutôt rudes ? Analyse rapide des données : la vrai Saintélyon c’est 70 km, l’autre c’est la Saintexpress. Premier élément de réponse . Les conditions : on annonce de la neige sur les monts du lyonnais dans les deux jours qui précédent la course, puis du froid pour la nuit du 1er au 2 décembre avec des chutes de neiges en fin de nuit et sur le matin. Deuxième élément de réponse : j’ai lu son récit de la Saintélyon 2010, neige, froid…doit y avoir de ça dans une Vraie Saintélyon.

Comment je me retrouve embarqué dans l’histoire ?

Le 24 Octobre, comme tous les jours je vais faire un tour sur Facebook, histoire de voir les nouveautés. J’en profite pour jouer à un petit jeu instantané avec Assu2000. L’écran devient blanc …… l’image revient : « gagné » ! M….. ! Je viens de gagner mon dossard pour la Saintélyon 2012. J’appelle vite Miss Aïiolirun, c’est bon c’est faisable ! YEEEEHAAAAAA !!!! Le soir petit run avec Martien2mars, je lui annonce la nouvelle, et lui dis d’essayer de jouer. Tu vois pas qu’on gagne tout les deux et qu’on se retrouve à courir ensemble sur les monts du lyonnais comme à l’entrainement. Le 25 Octobre, le matin, coup de fil : « Benoît ! J’ai gagné ! ». INCROYABLE !! Lui qui s’était promis de ne jamais aller au delà du marathon, nous voilà embarqués pour 70 km. Avant le 1er décembre, j’ai deux courses au programme, Marseille-Cassis et le Marathon des Alpes-Maritimes. Nous ferons en plus quelques sorties nocturnes, Martien2mars n’a encore jamais couru de nuit. Je lis aussi quelques récits de la course sur CLM, afin de me rassurer. La date approche et plus elle approche, plus les doutes arrivent. Vais-je tenir la distance ? Comment m’habiller pour ne pas avoir froid ? Comment m’alimenter ? Mille questions se bousculent. Merci à Zeclown et Nologo, leurs conseils m’auront été précieux. Merci à Jean-François, coach d’expérience, qui fait passer sérénité et confiance quand les échéances approchent. Enfin le premier week-end de décembre arrive. Vendredi soir dernière mise en condition, la nuit prochaine pas de dodo. Alors pour s’y préparer, rien de mieux qu’un petit concert tardif au Poste à galène avec Miss Aïolirun. Les Zoufris Maracas vont nous régaler jusqu’à 0h30, ( révolutionnaire un peu, mais dans la bonne humeur, je vous invite à les écouter). Le lendemain, à la même heure, nous serons partis. Du coup je m’endors comme un bébé et passe une nuit très reposante, ça n’est pourtant pas mon habitude les veilles de course.

Comment je traverse la VRAIE Saintélyon :

Départ pour Lyon à 11h30 samedi. Je passe prendre Martien2mars et en route. Nous ferons un petit arrêt à Marignane où se déroule depuis la veille un 24h organisé par le Solitaire. Jean-François, notre coach préféré, s’est aligné sur le 24h et cath13 sur le 12h. Un petit salut à chacun, quelques mots échangés…. Qui sait ? Peut-être un jour j’essaierai. Tout s’enchaine à merveille. Dès notre arrivée à la halle de Gerland, les premiers cars partent pour Saint-Etienne, nous sautons dans le troisième et c’est partit. Sur la route, je vois les monts enneigés…. En secret, j’espérai la neige. Elle est au rendez-vous et je m’en réjouis. La nuit tombe à notre arrivée. Nous filons vers le retrait dossard, il doit être environ 18h45, il y a peu de monde. Je récupère mon dossard 127, ainsi qu’un joli bonnet aux couleurs de la course. Beaucoup de concurrents le porteront, pas moi, buff CLM oblige ! Petit tour sur le village des partenaires. Faut-il acheter des chaines pour les chaussures ? Ben finalement non, on va la jouer sans. Je découvre avec une certaine émotion la halle où tout le monde attend le départ, lieu emblématique de la Saintélyon. Déjà certains dorment dans leurs duvets. Après un passage éclair dans un fast-food pour remplir l’estomac de Martien2mars (pas très diététique mais ça ne va pas l’empêcher d’être en pleine forme tout au long de la course), nous rejoignons Le Flore. Première rencontre avec la Marmotte et son ami, Nous passerons un moment à faire connaissance en attendant l’arrivée du reste de la troupe qui mange sur place, Nologo, marathonman71, eric27, juju de CAF. Un repas sympathique comme à l’accoutumé, qui m’ôte le stress qui commence à monter. Au cours du repas, nous aurons la visite de Japhy que j’avais croisé rapidement il y a un an lors de mon premier marathon à Nice, depuis y a un truc qui a du se passer vu que je suis prêt à m’essayer sur 70 km. Nous nous éparpillons, le moment de se préparer est venu, enfin ! Le lieu choisi par Nologo est parfait, calme, je rentre dans la peau du coureur. J’adore ce moment là ! Entre excitation, doute et joie ! Un gars vient de rentrer dans le restaurant, il a l’air d’avoir déjà couru. Je comprends en entendant Nologo échanger avec lui sur les conditions du parcours. Il fait parti de cette bande de fous qui viennent d’arriver de Lyon et qui repartiront avec nous à minuit dans l’autre sens. Subjuguant ! Il confirme qu’il y a pas mal de neige en haut ! Yeeessss !! Après avoir déposé nos sacs aux camions vestiaires , nous nous retrouvons au Flore pour la photo traditionnelle. L’occasion de revoir Bobosse qui semble fin prêt à affronter l’aventure, armé de son sourire. En avant pour le départ, nous sommes 3 à rentrer dans le sas des 9h-11h, Marmotte, Martien2mars et moi. La musique démarre, le speaker nous demande d’allumer nos frontales. C’est magique, ça y est je vais courir la Saintélyon ! Nous sourions tous les trois ! L’arche franchie, enfin les premières foulées. Nous partageons avec Marmotte les 7 premiers kilomètres, elle nous incite plusieurs fois à faire notre course. Vraiment sympa d’avoir fait quelques foulées avec la Marmotte qui est finisheuse de la Saintélyon 2012. La route s’élève, la neige apparait. Après avoir vérifié qu’elle ne profitera pas de notre départ pour hiberner ;-)), nous accélérons. Au hasard d’un ralentissement, je me retourne. C’est superbe ! Je le vois de mes yeux ce long serpent lumineux ! J’aide une jeune femme aux doigts frigorifiés, elle veut prendre une photo, incapable d’y arriver, elle m’apprend qu’elle arrive de Guadeloupe et que le froid et la neige, ce n’est pas vraiment ce qu’elle connait. Nous plaisantons, ces rencontres furtives me régalent, il y en aura d’autres. Saint-Christo-en-Jarez, premier ravito. 16 km pour 2h ! J’ai compris, ça risque de durer bien plus que les 8h30 ou 9h prévues au départ. Il y a beaucoup de monde, mais je veux absolument manger à chaque ravito. Quelques galettes, un thé chaud et c’est repartit ! Nous sommes dans la portion la plus haute de la course. Beaucoup de neige. Parfois avec le nombre important de coureurs, nous devons alterner marche et course. Les conditions sont rudes, lorsque nous croisons des portions moins enneigées, c’est le verglas qui apparait. Les chutes sont nombreuses, l’aide entre coureurs présente à chaque fois, une main tendue pour relever l’autre ou pour lui éviter la chute. Très vite la pipette de ma poche à eau gèle, elle est pourtant entourée de néoprène. Je me dis que j’ai bien fait de prendre le temps de boire au ravito. Nous longeons un champ très enneigé, le vent souffle de coté, de la neige jusqu’à mi-mollet mais je veux courir, alors je cours, m’embronche dans un tas de neige et prouuuuuffff m’étale comme une grosse m….. dans un monticule de neige. Les moqueries fusent autour de moi, je me marre, on est tous complètement barrés d’être là à 3h30 du matin ! Sainte-Catherine, km 28, deuxième ravito. 3h54 de course ! On approche, je n’ai jamais couru au delà de 4 h. Je ne suis pas inquiet mais j’aime ces barrières symboliques que l’on franchit. Une petite montée après Sainte-Catherine nous amène au dessus du village, le chemin est très humide et boueux cette fois-ci. Ca ralentit, ça marche, certains veulent éviter les flaques de boues et toute la troupe s’en trouve ralentie. D’un coup, je prends une option différente. Je me remets à courir au milieu du chemin tel Jésus-Christ au dessus des flaques de boue ! Sauf que je ne suis pas Jésus-Christ, je repeins mes chaussures d’un joli marron et humidifie quelques peu mes pieds mais j’ai couru ! Et puis arrive enfin un des lieux emblématiques de la Saintélyon : Le bois d’Arfeuille. Quasiment impossible de prendre le chemin totalement verglacé. Nous coupons en nombre à travers bois, nous raccrochant aux branches et au tronc pour ne pas filer dans la pente. Le vrai bois d’Arfeuille d’une vrai Saintélyon ! Décidément on est barrés d’être tous là à 5h du matin……. Tiens je n’avais encore jamais couru si longtemps ! Saint Genoux, 5h25, km 36. Troisième ravito. C’est là que je vais retrouver ma poche à eau qui était restée figée devant la beauté de la course depuis le km 20. Finalement ça ne m’aura pas du tout gêné. Avant de repartir nous prenons le temps de faire quelques étirements. Dans la portion suivante, je franchis une nouvelle barrière symbolique, le marathon. Encore beaucoup de verglas, nous chuterons tous les deux avec martien2mars, mais cette fois-ci pas de neige pour amortir. Nous croisons à plusieurs reprises des coureurs qui attendent les secours sous leur couverture de survie. Notre prudence dans les portions très verglacées aura payé pour éviter la blessure. Soucieu-en-Jarrest, km 47, 7h05. Nous rentrons dans le gymnase, moins de monde cette fois-ci. Certains souhaitent abandonner et cherchent où sont les bus ou le lieu où ils doivent attendre. Je me dis que j’ai de la chance de pouvoir continuer, arrêter ici serait un déchirement. J’avale 5 Vaches qui rit d’affilée ! Un truc de dingue, sans pain ! Je serai totalement incapable de faire ça en temps normal ! On vit quand même des expériences incroyables dans ce sport ;-). Nous repartons avec le jour qui se lève et la neige qui tombe, ça fait même un petit moment qu’elle s’est mise de la partie. Faut ça pour une vraie Saintélyon ! La route est encore glissante et nous oblige à passer parfois par les bas coté. Depuis Soucieu-en-Jarrest, nous courons quasiment en permanence malgré quelques descentes techniques. Au km 55 mon GPS me lâche, plus de batterie. Je me dis que ce n’est pas plus mal, que je n’ai pas à penser juste à avancer. Et plus les km défilent, plus j’ai la sensation de courir de façon automatique, je sens la fatigue mais la sensation est très agréable, comme sur un nuage. Beaunant, km 59, 8h48. Une concurrente me dit en discutant que la distance n’est pas bonne, qu’en fait il y a 72 km. Je n’ose y croire mais je me rendrais compte un peu plus loin qu’elle avait sans doute raison. Km 60 au début du mur de l’aqueduc de Beaunant, autre lieu emblématique de la course. Impossible de courir pour moi sur les 1400 m de cette côte. Mais dès le sommet franchit c’est repartit, la distance est maintenant indiquée tous les kilomètres. Nous descendons sur Lyon, escaliers, pentes un peu raides ça tape dans les cuisses mais je le sais maintenant : je vais aller au bout. Le long des quais de la Saône, les derniers kilomètres seront durs. Certains, c’est sûr, font bien plus d’un kilomètre. Ils sont là les 72 ! La plante des pieds me fait mal, les bras, le dos, tout. Les pavés n’arrangent rien. Au 67éme trop dur, je dis à Martien2mars que je vais marcher un peu…… Il aura peu de mots mais il suffiront. Je me mets dans ma bulle, j’avance. Allez, juste un mot sur mon coéquipier avant de franchir la ligne. On a fait la Saintélyon en relais à deux sauf qu’on a couru tous les deux les 70 bornes J Ce gars là c’est un type bien, il pourrait cavaler seul devant s’il voulait mais il préfère partager l’aventure, et ce n’est pas la première fois ! En plus quand tu es dans le dur, il te file un coup de main. Merci Cyril, je suis très heureux d’avoir partagé ça avec toi. Nos souvenirs s’accumulent. Bon, faut finir quand même ! Km 69 ! Je n’ai plus mal nul part, j’accélère, j’aperçois les panneaux des derniers mètres. 100 mètres, je vole. 75m, je suis indestructible. 50m, je pense à Marika, Marie, Capucine, Lilas et Barnabé. 25m, nous franchissons l’entrée de la halle de Gerland. Finish line, JE SUIS FINISHER DE LA VRAIE SAINTELYON

!!!! AIOLIIIII !!! 10 heures 15 minutes 41 secondes. Mes yeux se remplissent, l’émotion est intense, du pur bonheur ! C’était fantastique, alors faut pas hésiter. Si l’envie vous prend, allez courir ou recourir la VRAIE Saintélyon !!

À Lou ou à Ferdinand ;-)