marakech

Vendredi soir nous avions eu la bonne idée et l’intuition peut-être, de monter en train à Paris pour prendre l’avion du lendemain sans pré-acheminement fastidieux ; bien nous en prît, car quelques heures après notre départ, Eole et ses acolytes frappaient et bloquaient la région pour quelques jours… on réglera nos comptes au retour..

Samedi le vol fut tranquille vers le Royaume, LN n’était même pas rassurée de savoir que Juanita67 était passée sans encombre l’avant-veille malgré sa phobie… une équipe de pompiers de Reims motivée faisait partie du voyage et mettait un peu d’ambiance. Pour faire un peu de provoc’, je passe dans l’avion devant le groupe avec mon T-shirt « les marathoniens sont des petits joueurs » bien visible, m’attirant des regards étonnés et interrogatifs … hi hi hi !

Arrivée à l’aéroport par un temps mitigé, mais le soleil est déjà là avec Mounir, grand PDC devant l’Ethernet, venu nous chercher personnellement avec son petit Youssef, futur CLM sans aucun doute. Quel plaisir de faire enfin connaissance depuis le temps ! déjà il nous explique la ville, le week-end, le programme, l’organisation… ce sera ensuite la plongée dans la ville rouge, bruyante, animée, démesurément pagailleuse !

Un taxi m’a dit « si tu sais conduire à Marrakech, tu sais conduire partout ». Je confirme : je ne sais pas conduire !!! entre les pétaradantes mobs omniprésentes et toutes ces voitures dont le contact déclenche aussitôt le klaxon, ça n’a pas été triste !

L’arrivée au Riad ! et d’abord la joie de retrouver nos globe runners préférés, toujours joyeux, les pconvert’s, les bogeyman’s, les pontgib’s, les jc664’s, de découvrir plus profondément les Keysersoze’s, les Palmito’s…aah, Palmito le chérifien, digne bras droit de Mounir pour faire découvrir son pays, Basilio le poète aux doigts de fée et aux mollets de feu, Bobosse44 ouvert à l’autre, le Tonkinois discret et attentif, ils sont venus ils sont tous là, le Noeuxois, Barbie dans son Barbie’s Tour…, les petits nouveaux, Abess si discrètement gentil…

Nos riads : des palais des 1001 nuits ! Tous plus cosy, chaleureux et discrètement luxueux les uns que les autres, avec cet aménagement orientalement raffiné, ces tapis, ces sculptures, ces miroirs, cette fontaine ou piscine centrale, ce patio convivial, ce personnel dévoué et accueillant…et le thé à la menthe qui coule à flots !! 3 riads dans une zone de 300 mètres.. Quelle organisation sans faille pour nous éviter de nous disperser dans la Médina ou ses alentours !

Le thé ! On en a bu des litres… idéal pour (aider à) faire passer ces tonnes de plats divers que nous n’avons pas cessé d’engloutir du début à la fin ! Ami gros, si tu souhaites maigrir, ne viens pas à Marrakech !! Tu serais perdu entre ces couscous, tajines, tanjias, pastillas, salades marocaines,  brochettes, pâtisseries sucrissimes, ! je crois bien qu’à part quand je dormais, la seule fois où je n’ai pas mangé a été une période de 3h38 et des brouettes dimanche matin…

Et pour aller de restaurant en cantine, de trottoir dînant (chez Bejgeni !) en pâtisserie glacerie, il fallait prendre des taxis ; une nouvelle expérience dans ma carrière de globe runner a consisté à partager un (grand) taxi avec 5 autres CLM !! si si ! 7 dans la voiture ! il y a des photos ! Quelle partie de rigolade, encastrés les uns dans les autres, n’est-ce pas Keyser ‘Minou’, Bogey, Keyser Minette, Juanita et LN ?

Ah oui, la course ! dimanche matin, arrivé dans la zone départ après avoir claqué la porte d’un 1er taxi « arnakchi », et après les rituelles photos de déshabillage CLMien plus une avec Philippe Rémond en promo dans le coin, c’est parmi une foule bigarrée de 6000 coureurs annoncés (semi et marathon confondus) et au milieu de tous nos beaux buffs jaunes que je m’élance en ville pour la grande boucle, et sous quelques rayons de soleil, eh oui, un peu. Elisabeth, la grande chef de « Sportifs à Bord » croisée déjà hier soir autour d’une table, est là, Nikon au poing.

Sur le parcours dans les parties urbaines comme celle-ci, c’est une foule bruyante avec énormément d’enfants qui encourage les coureurs. Ils demandent des mains, comme partout, mais aussi les bouteilles d’eau des ravitos, qu’ils empilent soigneusement en petits tas … pour les revendre plus tard ? Au 12ème km, les pelotons se séparent une 1ère fois, nous passons dans une zone plus campagnarde, c’est parfois le désert en termes de spectateurs, il va y avoir de longs moments de solitude ! …. Une euh… pesanteur me gagne peu à peu, et m’envahit l’esprit, aïe, le parcours ne semble pas équipé pour ! 15, 16 km, ca roule, le rythme est OK. Bientôt nous rejoignons le peloton du semi, le bruit revient en même temps, et on retourne en ville. Les policiers et autres bénévoles nous guident aux ronds-points, tant mieux car le fléchage n’est pas bien visible, et ils m’ont sauvé la mise une fois ou deux ! Les pelotons se séparent une deuxième et dernière fois, les semi rentrent au bercail, nous tournons  à droite, ma pesanteur et moi… Angoisse, vite une solution, cette na’chdinemouk  d’envie pressante me prend la tête ! Sauvé ! au niveau du semi, enfin des champs sur la droite… un détour, un buisson et deux minutes d‘arrêt au stand plus tard, je repars l’esprit…et le reste, allégés ! Semi 1h47, pas mal, un negative split et je pête mon record !

La route défile, balisée tous les 2,5 km aux postes de ravitaillement (eau, sucre mandarines parfois) ou d’épongeage. Je manque un peu de repères, moi qui m’accroche toujours aux bornes kilométriques, ce manque m’a un peu perturbé... eh oui, c’est quand même une course !

La traversée de la Palmeraie est un vrai plaisir, quoiqu’un peu calme. Une oasis de verdure. Seuls quelques chameaux et chèvres regardent les coureurs passer dans ce parcours sinueux et légèrement vallonné, parfois bordé de murets cachant de luxueuses demeures. C’est à ce moment que j’aperçois le dossard magnifiquement brodé de Basilio, qui tourne sur un cylindre. « J’ai mal au genou, et je me suis fait un garrot avec le buff CLM » m’explique t-il. Un garrot ? Mais, Basilio, c’est fait pour les morsures de serpent ou les hémorragies, çà !! « Un Basilio n’abandonne jamais », rajoute t-il. Je le laisse alors, rassuré.

Nous sortons de la Palmeraie, et c’est bientôt le 30ème km. Un gel, 2 doliprane préventifs, et de l’eau, et c’est reparti pour le passage d’un oued sur 2 ponts consécutifs, débouchant sur une longue ligne droite, en faux plat montant, et qui n’en finit pas ! Mais le rythme est toujours bon, et les douleurs « normales », rien de suspect. Je ne battrai pas mon record aujourd’hui, mais le mental est fort, et j’irai au bout sans trop faiblir. Une petite bruine commence à tomber et la route devient glissante, tellement le bitume est gras. Policiers et bénévoles neutralisent les automobilistes pressés aux ronds-points au passage des coureurs, somme toute assez clairsemés, c’est à la fois rassurant et impressionnant car on est très près des foules.

Les 40 km arrivent, plus qu’une ligne droite, [« Jamais abandonner »], crie Mimoun dans ma tête (1), lâche pô, Doumé ! La dernière courbe, les groupies sont là ! Juanita, Marylin, Marylise et LN (qui prend une formidable photo de moi… de dos bien sûr, elle m’a loupé !!!). Quelques mètres plus tard, un Pontgib Olympique m’embarque dans un sprint final en m’ouvrant la voie, super ! 3 secondes sous les 3h39 au chrono, mon record … d’Afrique ! Une jolie petite médaille colorée et un modeste ravitaillement de fin de course nous sont offerts. J’ai 2 mandarines, j’en donne une à un petit … et l’autre est « gâtée » comme on dit en Afrique de l’Ouest, tant pis…

On se retrouve tous rapidement pour échanger nos impressions de course, on récupère nos affaires au vestiaire (le coffre de la voiture de Mounir), et après une petite pause douche, on enchaine aussitôt sur un autre grand moment : drivés par Palmito, Bogey, Keysersoze désormais rebaptisé Captain Minou, Bobosse, Juanita, LN et moi allons passer 2 heures à nous faire suer... au hammam bien sûr !! Super ! Dans une ambiance entre « Midnight Express » et « Harem », nous nous faisons oindre de savon noir, gommer, savonner, huiler à l’huile d’Argan, laver, masser, pour ressortir avec une peau toute neuve et bien décontractés. Extraordinaire sensation et expérience, et rien à voir avec le passage à tabac de Gérard Jugnot dans les Bronzés !! A 50°C alors qu’on fondait littéralement, Palmito a quand même demandé au patron de monter la température, pas assez élevée à son goût !!

Et le soir, c’est le banquet façon Astérix au Riad central, organisé sous l’égide de l’indispensable Mounir, encore une bonne soirée. Inutile de préciser qu’en plus des plats et spécialités marrakchis, nous avons été soignés avec les traditionnels calissons d’Aix de la-tortue, des bonbons à la bergamote (miam) et de gros calissons de Captain Minou… hélas, boulette, le taxi à 6 m’a un peu fait perdre ma concentration et il est reparti pour se régaler des boites de chocolats qu’LN avait préparées pour la troupe, et que nous avons oubliées à bord dans l’euphorie…  pas perdues pour tout le monde…

En fin de soirée les premières séparations se font, notamment de nos hôtes, Mounir et son épouse qu’LN et moi avons beaucoup aimée pour sa gentillesse et son sens de l’accueil (et de la cuisine à ce qu’LN a ramené comme idées), Palmito et Jijette, tous repartent sur Casablanca demain tôt… on se retrouvera bientôt j’espère !!

Le lendemain sera consacré à une journée réparatrice… à la mer ! Essaouira la Blanche, un port fortifié avec ses remparts monumentaux donnant sur une mer déchaînée, dans une atmosphère hitchcockienne !! « Les Mouettes » sont omniprésentes, des centaines par mètre cube !! elles obscurcissent l’horizon, bruyantes et voraces de déchets de poissons. Le vent souffle fort, c’est un « spot » réputé  et nombreux sont les windsurfers maintenant remplacés par les kyte surfs.

Passage dans les souks, quelques négociations acharnées dans les échoppes des marchands, où des objets d’artisanat en thuya ou autres vêtements sont la source d’un rite bien réglé : on rentre, on discute, on rigole, on fait semblant de se fâcher, on sort, on revient… pour conclure l’affaire à la moitié du prix (exorbitant) initialement demandé par le vendeur.. Plaisir des yeux ! Gratuit jusqu’à la caisse ! Quelle rigolade les étals d’herbes magiques … « pour maigrir » ! , « pour grossir » ! « pour sourire ! le « pot porry », le « claude giraf », le « viagra berber », un capharnaüm de produits … bizarres !

Une pause restaurant pour manger un super tajine de poisson chez Sam, au bout du bout du port, arrosé de bon vin blanc de Meknès, et on repart dans les souks ! Et c’est le voyage de retour, 3 heures de route (route pas toujours...) Adieu Mogador…

Et ce n’était pas fini ! Il nous fallait …manger encore ! cette fois-ci, c’est sur la place Djemaa El Fna rebaptisée Jemal Au foie que nous avons posé nos fesses sur les bancs d’un bouiboui pour encore quelques plats… légers, brochettes, calmars, couscous…dans cette ambiance grouillante de monde , noyés dans l’épaisse fumée des barbecues et dans le bruit des musiciens de rue et des échoppes des marchands du temple…Nous finirons cette dernière soirée par un « mille Cheick» au bon lait d’amande, et un ultime chocolat arabe (avec des épaisses !!!) pour rentrer à pied par les petites ruelles étroites et obscures… dépaysement total.

Les adieux ! On se promet (et on tiendra) de se retrouver dès que possible pour d’autres exploits amico-touristico-culturello-gastronomico-kilométriques … bientôt... Ailleurs…

Le vol de retour a été paisible, les images dans la tête, LN pas trop angoissée, sauf au décollage… et nous avons retrouvé notre nid avec quelques miettes en moins, la tempête hivernale étant passée par là…mais ainsi va la vie.

 

Mounir, Palmito, « barak allaoufik » de tout cœur 

Marrakech, tes couleurs, tes odeurs, ton bruit, me manquent déjà

CLM, vous aussi

Record, je t’aurai un jour, je t’aurai

 

 

(1) : Au marathon de Nice-cannes 2008, nous rendant au départ avec Nono83 par une petite ruelle pour éviter le troupeau et trouver un petit bistro pour un ultime café, nous dépassons deux messieurs âgés marchant doucement dans la même direction. Je les regarde furtivement, et me tourne vers Nono : « dis, ce n’est pas Mimoun, là ? » Effectivement, Alain Mimoun allait donner le départ de cette première édition du marathon de la Cote d’Azur.

Ni une ni deux, on se précipite et tout tremblant je vais le saluer, lui serrer la main et lui dire mon admiration de tout petit marathonien. On échange quelques mots et on prend congé. J’ai à peine fait 50 mètres que le champion m’invective :

« -Et surtout, n’oubliez pas ! » … je me retourne ;

« - oui, monsieur ?

   - N’abandonnez JAMAIS ! ».

Ces mots résonnent encore dans ma tête depuis cette rencontre d’une vie…