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Marseille 2017 : Objectif 3h29

 L'idée de venir courir à Marseille ne m'avait jamais effleuré l’esprit jusqu'à ce que, lors de la Saintélyon 2016, Zeclown me vende le marathon local comme très rapide et me fasse part de son intention de tenter d'améliorer son record personnel à cette occasion. Après quelques semaines de réflexion, je me suis finalement décidé à m’y inscrire et à essayer moi aussi de "faire un chrono" là- bas. En outre, la perspective d'aller me balader le lendemain de la course dans les calanques, un site naturel magnifique que j'ai découvert il y a une quinzaine d'années et où je m'étais promis de retourner, me motivait au plus haut point.

Samedi 18 mars. J'arrive à Marseille en fin d'après-midi, pose rapidement mes affaires à l'hôtel (situé non loin de la gare) et marche un petit quart d'heure jusqu'au Vieux Port, où a lieu la remise des dossards. Je ne souhaite pas traîner pour y aller, car les organisateurs du marathon ont publié ce matin sur Facebook une photo montrant une longue file d’attente à l'entrée du bâtiment. Heureusement, il n'y a en fait pas beaucoup de monde, et le retrait de mon dossard se fait très rapidement. Après avoir discuté un peu avec de sympathiques bénévoles et alors que je m'apprête à ressortir du site, je reconnais Dominique Chauvelier, ancien champion de France de marathon, qui promeut le marathon Run in Lyon. J'hésite à discuter un peu avec lui, avant d’y renoncer finalement et de rentrer tranquillement à l'hôtel en passant par la célèbre Canebière. Je retrouve quelques heures plus tard 9 autres CLM pour la pasta party organisée au restaurant Chez Noël, à cinq minutes à pied de mon hôtel.

Dimanche 19 mars. Mon réveil est censé sonner à 5h30, car j'ai rendez-vous avec les autres CLM à 6h15 sur le Vieux Port pour prendre une navette devant nous conduire jusqu’au départ du marathon, situé aux Goudes, à l’entrée du parc national des calanques. Malheureusement réveillé dès 4 h, j'en profite pour déjeuner relativement tôt afin d'avoir suffisamment de temps pour digérer avant ma tentative de chrono : je souhaite en effet passer enfin sous la barre des 3h30.

Je me rends tranquillement à pied jusqu’au lieu de rendez-vous. Quelques photos, deux ou trois blagues, et nous montons ensuite tous ensemble dans le car, où j’en profite pour discuter Saintélyon et trails avec Nono83. Lorsque nous sortons du bus, je suis époustouflé par la beauté du paysage. Nombre d’entre nous immortalisons ce cadre magnifique avant d’aller nous réchauffer dans le bar « 20 000 lieues sous la bière », où l’on nous sert… non pas de la bière, mais du café, du thé et de l’eau.

Bon, ce n’est pas tout ça, mais il va falloir y aller… Je m’échauffe légèrement avec Zeclown, Bikila (qui a gentiment accepté de jouer le lièvre pour nous) et Sam38. Alors que ce dernier rejoint le sas qui nous précède afin de courir avec son coach qui vise 3h15, j’attends le départ dans le sas 3h30 en compagnie de Bikila, Zeclown, KeyserSoze et Aiolirun. Notre « grupetto » est complété par Symphorien, qui partira pour sa part sur un rythme plus tranquille.

C’est parti. Je suis consciencieusement Bikila, qui maintient une vitesse parfaitement régulière de 12 km/h. Malgré des sensations moyennes, le fait d’être contenu dans mon élan me rassure. Je fais en sorte de m’économiser le plus possible et profite du paysage : en effet, nous longeons la mer sous un grand soleil. Alors que nous sommes rejoints par le meneur d’allure des 3h30 et par l’important peloton qui le suit, je remarque que je suis de plus en plus distancé par mes camarades. J’accélère légèrement pour recoller au gruppetto, mais je ne parviens que difficilement à les rejoindre. Un coup d’oeil à ma montre : 12,5 km/h… 12,7… 12,9… Je n’insiste pas et mets le pied sur le frein pour revenir à 12 km/h. En effet, je n’ai aucune envie de me griller si tôt dans la course. Je regarde les autres s’éloigner de plus en plus et me résigne à courir désormais en solitaire. Je suis toutefois moyennement rassuré : et si c’était ma montre qui me jouait des tours ? Si c’était moi qui ralentissais tandis que les autres maintenaient un rythme régulier ?

Je double KeyserSoze après une douzaine de kilomètres, juste avant un ravitaillement. Il me dit : « Ils sont fous d’aller à cette vitesse-là, ils vont exploser rapidement ! ». Ces paroles me rassurent : le problème ne vient donc pas de moi, c’est bien le meneur d’allure des 3h30 qui imprime un rythme trop rapide. Nous discutons brièvement, avant que nos chemins ne se séparent à nouveau au ravitaillement.

Nous faisons bientôt parcours commun avec les coureurs du semi-marathon. Contrairement à ce que je craignais, cela ne me gêne pas trop car ils ne vont pas plus rapidement que moi. En revanche, ce qui me dérange de plus en plus, c’est l’absence de panneaux indicateurs des kilomètres pour les marathoniens. Alors que, jusque là, tout allait bien, les seuls pancartes que je vois désormais sont celles du semi-marathon. Ah tiens, un panneau indiquant 16 km ! Lorsque je compare avec ma montre, je suis surpris de voir que, d’après celle-ci, j’ai parcouru un peu moins de 19 km. Là, il y a vraiment un problème… Qui a raison ? La pancarte ou la montre ?

C’est dans cet état d’esprit que je poursuis ma route. Moi qui pensais être dans les temps, je commence à me demander si, en fait, je ne serais pas franchement en retard. Du coup, je décide d’accélérer et de maintenir une vitesse de 12,5 km/h pour rattraper un retard éventuel.

Après avoir longé la mer depuis le départ, nous courons à présent dans le parc Borely. Je ne connaissais pas ce lieu, mais je trouve le cadre particulièrement agréable. Une fois sortis du parc, nous devons faire face à un vent de plus en plus fort. Je me protège en courant autant que possible derrière d’autres coureurs plus grands, ce qui me permet de limiter les dégâts.

A l’approche du Prado, nous passons devant la ligne de départ des 10 km. Des centaines de coureurs nous encouragent depuis leur sas, ce qui est particulièrement grisant. S’ensuit en revanche une longue ligne droite, monotone et déserte, qui contraste cruellement avec l’ambiance que nous avons connue quelques minutes plus tôt…

Après avoir doublé Aiolirun et l’avoir brièvement encouragé, je passe une seconde fois dans le parc Borely. J’aperçois soudain Bikila et Zeclown devant moi. Ce dernier semble marquer le pas. Je l’enjoins à ne pas lâcher, avant de continuer ma route. En effet, les sensations sont bonnes, il n’est donc pas question de ralentir maintenant. Bikila ne tarde pas à me rejoindre et me demande comment je me sens. Je lui réponds que tout va bien pour l’instant, mais que je ne sais pas si cela va durer. Je me renseigne sur le nombre de kilomètres parcourus : un peu plus de 30. C’est bien ce que m’indique ma montre : l’erreur venait donc bien des panneaux.

Je cours ensuite en compagnie de Bikila. Même si les sensations sont toujours là, son rythme est trop rapide pour moi. Il adapte donc sa vitesse, perturbé par le fait d’avoir dû réaccélérer après avoir ralenti avec Zeclown un peu plus tôt. En ce qui me concerne, l’avoir à mes côtés (ou plutôt juste devant moi) m’incite à ne rien lâcher.

« Je coince, désolé. Continue sans moi si tu veux. » Aïe… Je laisse donc Bikila après 34 km et continue ma route seul. Toutefois, je commence à ralentir moi aussi un kilomètre plus loin. La chaleur et le vent finissent par avoir raison de moi… Je décide malgré tout de continuer à donner tout ce que j’ai, comptant sur mes quelques minutes d’avance pour atteindre tout de même mon objectif.

J’arrive bientôt sur la corniche qui précède l’arrivée sur le Vieux Port. Je redoute cette section du parcours, car elle est très exposée au vent et légèrement vallonnée, comme j’ai pu le constater lors de mon premier passage ici tout à l’heure. Comme si cela ne suffisait pas, nous faisons parcours commun avec les coureurs les plus lents du 10 km. Le peloton étant particulièrement dense, je suis contraint de zigzaguer en permanence, ce qui m’agace légèrement. Alors que j’arrive au dernier ravitaillement, je reconnais devant moi la silhouette de Sam38. Je l’encourage, avant de le doubler et de repartir de plus belle.

Nous arrivons sur le Vieux-Port. J’aperçois l’arche d’arrivée de l’autre côté du bout de mer. Je sais d’ores et déjà que je n’atteindrai pas mon objectif, mais tant pis. Je passe finalement la ligne d’arrivée après 3h33, un peu déçu mais content tout de même d’avoir signé mon deuxième meilleur chrono à ce jour.

Je n’aurai pas tellement profité du paysage, mais ce n’est pas très grave. J’aurai le temps de revenir à tous ces endroits demain et mardi. Malgré les courbatures !

Le marathonien blessé
 

Commentaires 1

zeBoss le dimanche 14 janvier 2018 07:46

Sympa de voir tous les noms des CLMs que tu as croisé. On s'y croirait. Enfin pas en 3.33

Sympa de voir tous les noms des CLMs que tu as croisé. On s'y croirait. Enfin pas en 3.33 :D
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jeudi 28 mars 2024

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