BTZ2023-Recit

Un an plus tard j’étais de retour avec le même uniforme violet tutu-tshirt pour mes Laurette Fugain, croc’s blanches pour leur 10ème et dernière sortie en compétition officielle, béret rouge pour honorer le pays Basque, et mitaines noires et rouges (c’est un hasard) qui me feront passer deux fois pour un Toulousain ! A l'une des coureuses m'ayant demandé si je l'étais, je répondrai “non, mais beaucoup mieux… Bordelais !, aïe aïe” !!

On retiendra que la météo s'est plantée dans les grandes largeurs, prévoyant de gros épisodes de pluie qui m'inquiètaient un peu, moi qui n’aime pas courir sous la pluie… Bien au contraire, on ne verra pas une goutte, mais une bonne fraîcheur matinale à 7 heures au départ qui nous accompagnera longtemps pour être peu à peu remplacée par une douceur ensoleillée tout à fait supportable jusqu'en début d’après-midi, rendant cette chevauchée beaucoup moins compliquée que l’an dernier.

J’ai retrouvé Pascal et Chantal, nos deux légendes françaises, au départ, et loupé Tony El Palmero et Chrichri 641733…

Chantal rejoint vite la tête de sas pour aller faire un petit selfie avec la star locale, Amélie Mauresmo, qui toujours souriante finira 2nde féminine en 3h16, chrono impressionnant sur ce parcours! Celui-ci a légèrement évolué par rapport à la première édition, j’ai pu repérer deux nouveautés, dans la traversée du golf d’Arcangues et plus loin dans la descente de la côte des Basques.

Je prends un départ prudent en fin de première vague, il y en a 3 en tout, et rentre doucement dans la course, pour attaquer dans la rapide descente vers le premier ravitaillement à Ilbarritz, après quoi on longera le lac de Mouriscot toujours aussi bucolique.  En début de descente, j'entends débouler derrière moi un connaisseur qui se moque bruyamment de mes croc’s, c'est ChriChri, parti loin dernière, et qui finira loin devant ! Ce parcours varié est vraiment très agréable, on passe de l’urbain au campagnard, de vieilles pierres à des grandes demeures, des chevaux aux surfs, du vert au bleu… et jamais monotone, si au fil du temps on se laisse emporter par ses pensées, on est très vite rappelé à la réalité par la côte suivante ! Les montagnes russes s’enchaînent jusqu’à un premier long aller-retour avec vues sur les autres coureurs, les lièvres devant et les tortues derrière (devinez dans quel groupe je suis) où un autre ravitaillement musical nous attend à Basussarry (km15). Il me semble qu'il y a moins de public que l'an dernier, c’est là que je croise Chantal et, plus loin, Pascal. La route défile, les nombreux passages à l’ombre garantissent une fraîcheur idéale.

Mon tutu a toujours autant de succès, surtout auprès des dames… et les croc’s intriguent toujours autant, ce qui m’étonne toujours autant, depuis le temps qu’on les promène, mes “crocsllègues” et moi ! je souris en silence face aux réflexions, et réponds toujours aux interrogations en vantant leurs mérites ! Petite anecdote post-course, j’ai rempli un questionnaire de satisfaction envoyé par l'Organisation, et à la question “quelle marque de chaussures aviez-vous?”, ne trouvant pas dans la liste proposée j’ai bien sûr répondu “autres”, pour préciser “croc’s” dans la cellule commentaires. J’aimerais voir la tête du gars qui va dépouiller les questionnaires !

On enroule le golf d’Arcangues, que l'on n’a pas traversé comme l’an dernier, et à travers champs où paissent quelques chevaux, on rallie Arbonne pour passer le semi, où un groupe de danseuses folkloriques anime le ravito. Dans les descentes, ma croc droite tape bruyamment le sol à chaque pas, j’en suis presque gêné tant ça claque ! j'essaie de rectifier la foulée, c'est drôle ! Ce sera donc la dernière sortie de cette paire, l’amorti moelleux s'étant dégradé au fil des km…

Depuis le km 18, à la sortie du fronton d’Arcangues, je suis plus à l'aise, il faut dire que le profil est désormais favorable, le dénivelé s’est calmé, et je tiendrai ce pic de forme pendant presque 10 km. Profitons-en, ça ne durera pas ! Il me mènera jusqu'à la mer. Deux trentenaires croisés au dernier ravito me reconnaissent, et me racontent que je leur ai servi de pacer l'an dernier, mon rythme régulier les avait bien aidés mais ils n'avaient pu me suivre jusqu’au bout. Cette fois-ci ils auront leur revanche et me “fumeront” dans les 500 derniers mètres avant l’entrée dans le stade!

Un brutal changement  de paysage, spectaculaire, sans transition, et d’un coup notre champ de vision s’étire à l’infini, l’océan est là sous ce grand ciel bleu où moutonnent quelques cumulus. Fini le vert, place au bleu ! Ah quel bonheur de se gonfler les poumons de ce grand air, mais aussi de se remplir les crocs de bon sable blond, ce qui m’obligera à faire une petite halte-vidange !

Très vite, la montée de Bidart  nous ramène à la réalité. “Ne pas marcher”… c'est terrible, mais même quand ça ne sert à rien, je veux toujours rester en mode “compétition”, je ne sais pas prendre mon temps… Même si quelques km plus tard sur la promenade en bord de plage je ferai deux arrêts photos, abandonnant brièvement mon entêtement… et 4 minutes au dieu Chronos ! Nous sommes revenus en ville, et le public est nombreux à nous encourager; La descente de la côte des Basques vers le Port vieux se fait cette année par un enchaînement d’épingles serrées qui nous ramènent brutalement au niveau de l'eau. N’ayant plus aucun amorti dans les jambes, je claudique plus que ne vole dans la descente…Mon mollet droit est endolori, il a durci avec le temps et les chocs, je crains plus les descentes que les montées ! 

Le ravito du port se profile et oh surprise, Patrick “Le Tonkinois”, CLM historique, m’accueille parmi les bénévoles ! Un vrai plaisir, je ne l'avais pas vu depuis des années…je repars regonflé après quelques photos et plonge vers le centre ville; les derniers km longeant la villa Belza puis le rocher de la Vierge me galvanisent, la traversée de l'esplanade de la grande Plage est un furtif moment de gloire, l’allure est redevenue presque féline - enfin, vu par moi! - avant de retomber dans un silence d’autant plus assourdissant que le profil est à nouveau montant et ce jusqu'au bout! Le nez dans mes croc’s j’avale ces derniers km avec envie, ça sent l’écurie, soudain encouragé oh, surprise bis, par Valérie et Sarah, groupies si bienvenues en cette fin de bataille! 

L’ultime coup de cul, le plus perfide - je l'avais oublié celui-là - nous ouvrira la voie vers le stade où la foule massée accueille les finishers dans un brouhaha libérateur. Dans un dernier sprint je fais tournoyer mon béret, révélant une belle marque rouge qui me barre le front, et coupe la ligne avec 10 minutes de moins que l’an dernier… Alain au micro m’accueille chaleureusement, fait la promo de Laurette Fugain, et je vais m’abreuver de longues rasades d’eau gazeuse et de mon micocamio préféré. Je profite de ma belle médaille, une croix basque rouge et verte bien sûr, retrouve Chantal arrivée 5 minutes avant moi, Jacquot des Kékés du bocage, puis Pascal, on partage nos sensations, on parle des prochaines courses… samedi prochain j’en retrouverai certains à Blaye.

Je quitterai Biarritz rapidement pour remonter sur Bordeaux, des souvenirs et des images plein la tête - deux heures de calme à savourer et revivre une dernière fois ces quelques heures de bonheur  -  il y a une magie dans ce coin, surtout sous le soleil…