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Marathon de Paris 2023 : 35 ans après, c'est fait !

MDP2023

Je ne saurais relater ce Marathon de Paris 2023 sans avoir auparavant effectuer un grand bond en arrière qui donnera un éclairage singulier à ma course d’aujourd’hui et à mon émotion toute particulière. Autant vous prévenir, cette introduction risque d’être un peu longue mais résumer un parcours de 35 ans de marathons n’est pas aisé en quelques lignes.

  • L’origine :

Paris le dimanche 15 mai 1988, je m’aligne au départ de mon premier marathon avec l’objectif de terminer en moins de 3h30’. Cet espoir va se fracasser sur le mur du 30ème km et je franchirai péniblement la ligne d’arrivée sur l’hippodrome de Vincennes en 3h53’ dans un état d’hypoglycémie qui me fera prononcer très sérieusement cette phrase demeurée célèbre « Le marathon c’est fini, ce n’est vraiment pas une épreuve pour moi ». Mireille ne manquera pas de me rappeler régulièrement cet engagement pris devant elle.

Cette sentence ne résistera pas plus d’une journée et je la renierai sans vergogne dès le lendemain en programmant mon second marathon pour le début de l’année suivante. Il faut dire qu’à cette époque reculée, il était entendu que la fréquence d’un ou deux marathons par an était la seule alternative.

Ce deuxième essai en février 1989 à Noisy le Roi sera le bon et je terminerai ce marathon givré en 3h23’.

  • La progression :

Ma carrière de marathonien va ensuite se poursuivre avec différentes phases. Ce sera tout d’abord la recherche d’amélioration de la performance avec en point de mire « le Graal » du marathonien amateur de franchir la barre des 3h. Ce n’est qu’en novembre 1993 à La Rochelle par un froid de canard que j’aurai le bonheur d’y parvenir de justesse et ce sera la seule et unique fois. Ce n’est pas faute d’avoir essayé de réitérer cette performance mais il faut croire que j’avais atteint ma limite physiologique et je me suis vite lassé de ces échecs à répétition qui venaient considérablement ternir le plaisir de courir. Une fois libéré de cette obsession, mon parcours de marathonien s’est poursuivi tranquillement au rythme de 2 à 3 par an jusqu’au début des années 2000. C’est aussi sur cette fin de période que va débuter une belle histoire d’amitié personnelle et sportive avec Christophe. Mon éternel compagnon de route avec qui je vais partager tant d’aventures (80 marathons à ce jour) et qui saura m’aiguillonner dans nos joutes qui se terminent toujours autour d’une bière ou deux.

  • Courir Le Monde :

En 2004, c’est un nouveau tournant avec la découverte du site CLM (Merci Riri) et d’une pratique différente du marathon. Initiation au marathon festif lors du Médoc 2005 par Dany et Pierre, augmentation progressive mais conséquente du nombre de marathons avec réduction de l’espace-temps entre les épreuves. Cette nouvelle orientation me ravit et je me bride tout naturellement sur des chronos beaucoup plus lents à tel point que sur les années 2011/2012 je cours 26 marathons consécutifs sans jamais être sous les 3h30’. Cette période est fructueuse en nouvelles rencontres avec les fameux rendez-vous CLM qui souvent guidaient notre calendrier des marathons à venir.

Après mon entrée dans le club 100 fin 2012, la notion de performance commence à me manquer et je vais donc alterner joyeusement entre quelques marathons courus en pur compétiteur et d’autres, plus nombreux, en mode convivial et souvent festif. L’équilibre est parfois difficile puisque je suis dans un état d’esprit persuadé que la quantité n’est pas sans influence sur la qualité et que les enchaînements souvent très rapprochés ne me paraissent pas compatibles avec de bonnes performances.

  • Le challenge :

C’est fin 2018 que je découvre par hasard sur Facebook un groupe intitulé « 100 Sub 4 Hour Marathon Club et que je m’amuse à faire le compte parmi mes 220 marathons s’il y en bien 100 sous les 4h. Je remplis trop largement les conditions avec 170 marathons sub 4h et je baisse donc la barre sous les 3h30’ pour pimenter mon calcul. Le résultat tombe sans appel : 66 marathons courus sous les 3h30’. Mon ego en prend un petit coup et une étincelle s’est allumée dans mon esprit pour me lancer ce challenge de monter ce total à 100 marathons.

Il n’en fallait pas plus pour réveiller le compétiteur qui sommeillait et c’est bien 12 marathons que je vais courir en moins de 3h30’ en 2019, total qui me semblait irréalisable à plus de 60 ans. Je pense alors qu’à ce rythme, il ne va pas me falloir bien longtemps pour boucler mon nouveau défi. Mais voilà, la période COVID surgit et le programme marathons se réduit comme peau de chagrin. Je parviens malgré tout à sauver 1 marathon en 2020 (Nevers) entre deux confinements. Je manquerai aussi la reprise en 2021 à la suite de ma chute de vélo avec fractures de vertèbres mais bien chanceux quand même de m’en tirer à si bon compte et de terminer l’année en trombe avec 4 marathons sous le couperet. Si je commence à partager plus largement cet objectif, j’ai parfois l’impression de n’être pas totalement compris par le petit monde du marathon. Oh bien sûr que chez mes proches, que ce soit dans mes clubs de cœur de Canéjan Athlétisme ou Les Galopins Brédois, il y a un grand et véritable soutien indéfectible. A chaque étape, je suis porté par des encouragements formidables qui m’aident et me poussent dans les moments difficiles. Mais, parfois, et ce n’est peut-être que l’effet réseaux sociaux, j’interprète des réactions d’incompréhension sur mon choix de faire passer la performance avant tout. Je revendique haut et fort ma philosophie sportive qui me fait sentir plus vivant lorsque je donne le meilleur de moi-même. Je ne m'interdit pas non plus de profiter de quelques moments plus déjantés sur les marathons festifs locaux mais il est vrai que j'ai choisi de réduire cette facette dans mon calendrier.

A l’aube de l’année 2022, le calendrier est prêt mais j’ai encore quelques doutes sur ma capacité à enchaîner sur ce rythme. Doutes très vite balayés avec une succession de podiums et de chronos inattendus sous les 3h15’ lors de ce printemps incroyable. Malgré un petit coup de fatigue en milieu d’année, je termine avec 13 marathons sous les 3h30’ dont le dernier à Valence en 3h09’, un chrono que je n’avais pas connu depuis 17 ans. Le compteur est désormais passé à 97 et il ne reste plus qu’à parachever l’œuvre sur le début 2023.

  • L’aboutissement :

Ma dernière ligne droite débute parfaitement à Arcachon mais la semaine suivante à Barcelone sera beaucoup plus douloureuse même si le chrono reste très largement dans mon objectif. Mon genou gauche m’envoie des signaux inquiétants mais il n’est pas question de lâcher dans cette ultime étape.

Il était important pour moi de boucler ce challenge à Paris, là où tout a commencé il y a 35 ans.

Le genou récalcitrant m’impose d’adopter une stratégie plus raisonnable et de ne pas suivre mes compères du sas 3h15’ Lionel et Julien qui sont affûtés comme des lames. C’est avec un très grand plaisir que je retrouve Moulay et Patrice avec qui nous avons choisi d’adopter un rythme de croisière à 4’50/km. C’est la huitième fois mais avec une émotion intacte que je foule les Champs Elysées pour le marathon. Mireille nous attend Place de la Concorde en supportrice inconditionnelle et marcheuse aguerrie. Dès le 7ème km, Patrice m’indique que son ischio l’inquiète un peu et qu’il préfère ralentir un peu pour le ménager. J’interprète cet incident comme un bon de sortie et comme mon genou me laisse plutôt tranquille j’adopte un rythme plus soutenu comparable à celui de mes dernières performances. Je profite de cette belle visite parisienne où il ne manque qu’un peu de soleil et moins de vent pour que la journée soit parfaite. De retour dans Paris après le détour par Vincennes, le genou se rappelle à mon souvenir mais c’est vraiment très supportable et pas très surprenant. Avec un premier semi-marathon passé en 1h39’, je ne suis pas inquiet. J’ai la chance de revoir Mireille sur les Quais où règne une belle ambiance avec un public nombreux et bruyant. J’apprécie énormément d’avoir des ravitaillements avec ces petites bouteilles d’eau si pratiques qui permettent de boire facilement sans s’arrêter et d’en garder une dans la main pour s’hydrater entre deux points. Le 30ème km est passé, j’entre dans une phase de gestion de mon avance et le rythme baisse un peu. La partie Bois de Boulogne a été considérablement raccourcie et il faut maintenant replonger dans Paris pour ces 5 derniers km. J’ignore si c’est cette nouveauté ou plus sûrement le faible kilométrage couru depuis Barcelone pour épargner mon genou mais je suis brutalement vidé, sans énergie et au ralenti. A court de mes gommes magiques, les jambes font défaut mais la tête est bien rassurée sur l’objectif minimum et principal du jour. Je franchis l’arche en 3h24’ avec une grande fierté personnelle pour l’accomplissement de ce défi de 100 marathons sous les 3h30’ et aussi un soulagement d’y être parvenu ici malgré les inquiétudes. J’ignore encore si je vais avoir besoin de me donner de nouveaux challenges mais ma passion du marathon ne va pas disparaître comme ça et les semaines qui viennent vont m’offrir encore des moments fabuleux de sport. Merci à tout ceux qui m’ont soutenu dans ce long périple et aussi à ceux qui ont eu le courage d’aller au bout de ce récit beaucoup trop long.

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Commentaires 5

LeGna le lundi 10 avril 2023 13:08

Un seul mot, allez deux... Edifiant - gigantesque

Un seul mot, allez deux... Edifiant - gigantesque :D
magorun le lundi 10 avril 2023 13:38

Grand BRAVO à toi Bikila, respect

Grand BRAVO à toi Bikila, respect ;) :o
grenouille le lundi 10 avril 2023 14:53

Quel bonheur ! C’est certain tu peux être fier ! Tu le sais la toute petite grenouille que je suis est chaque fois admirative de tes chronos de folie !! Que tous ceux qui ne comprennent pas ton goût de la performance passent leurs chemins ( un peu d’envie peut être ? Non ? )
Un grand coup de chapeau à toi Bikila, continue à nous faire rêver et à nous motiver !

Quel bonheur ! C’est certain tu peux être fier ! Tu le sais la toute petite grenouille que je suis est chaque fois admirative de tes chronos de folie !! Que tous ceux qui ne comprennent pas ton goût de la performance passent leurs chemins ( un peu d’envie peut être ? Non ? ) Un grand coup de chapeau à toi Bikila, continue à nous faire rêver et à nous motiver !
ChriChri64 le lundi 10 avril 2023 16:05

Et sur nos 80 marathons communs, combien en commun sous les 3h30 ? ?
Bravo pour ces ? ! ??
Prépare toi pour notre 81ème, il va vite arriver ! ?

Et sur nos 80 marathons communs, combien en commun sous les 3h30 ? ? Bravo pour ces ? ! ?? Prépare toi pour notre 81ème, il va vite arriver ! ?
PP78 le jeudi 13 avril 2023 15:01

Comme déjà dit : bravo , tu te bonifies comme le vin de Bordeaux (même si tu as un passé dans le 78) ! Seul regret , ne pas être resté à tes côtés ...

Comme déjà dit : bravo , tu te bonifies comme le vin de Bordeaux (même si tu as un passé dans le 78) ! Seul regret , ne pas être resté à tes côtés ...
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vendredi 29 mars 2024

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