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Beaujolais 2022 - The Walking Alive, court récit d’un marathon non couru.

BojoDoume

Ce millésime était très particulier dans la mesure où je ne pouvais pas courir. Mais hors de question de rester sur l’échec du Cognac, et surtout, décidé à ne pas laisser filer une édition de ce Beaujolais que j’aime, j’avais décidé de tenter le marathon en marchant. Un cut-off de 7 heures devait me permettre d’y arriver si je tenais la cadence de 10min/km, ravitos compris…. ça serait juste moins festif que d'habitude…

 

La Pasta party vendredi soir lança les festivités dans la plus pure tradition, avec entre autres cette rituelle présentation des centenaires, célébration ouvrant officiellement le week-end, on y était!

 

Et arriva le samedi matin… 

Avant l’aube, la non moins rituelle préparation - maquillage inclus - accouche des deux Visiteurs, Frère Tuck et son Preux Chevalier sont parés. Cette année l'association Laurette Fugain étant partenaire officiel, c'est le ventre violet que je taillerai la route, j’ai sacrifié un t-shirt pour en faire une guenille !

Au départ des bus, la fière équipe des IVFC (International Virtual Funning Club, club plurinational né pendant le premier confinement) est presque au complet. Lida, Siobhan, Sophie et moi sommes contents de nous retrouver après avoir partagé quelques bons moments au marathon de Tours en septembre.

Bien au chaud dans la grande salle des sports de Fleurie, les habitués de l'événement ne cachent pas leur joie aux retrouvailles, l'ambiance est instantanément festive, les premiers gobelets de beaujolais sont avalés en alternance avec des petits café, ça rit beaucoup, on se raconte les derniers souvenirs, jusqu'au moment de se diriger vers l’aire de départ. Une petite escale technique et … j'ai perdu Nono dans le peloton avant le départ de la course ! Il a été aspiré par la confrérie des moins bedonnants Alex et Raph en tête.

 

Le départ est donné après une ola enthousiaste, le peloton se met en branle dans l’euphorie, et je commence à marcher au milieu de tous ces coureurs; on traverse le village pour un pré-tour d’honneur avant de s'élancer dans la campagne par cette longue descente entre deux murets débouchant tout de suite sur les premières vignes.

Lida qui a peu d'entraînement mais qui marche très vite m’a proposé de m'accompagner, je ne serai pas tout seul tout le long de la course… Quelle sensation étrange et un peu triste de se voir dépasser inexorablement par tous les athlètes (c’est une épreuve sportive, hein!), au bout de quelques centaines de mètres nous sommes déjà seuls, avec l’impression de voir s'éloigner peu à peu le bruyant et joyeux train du bonheur ”beaujolesque”, qui finit par disparaître… 

On se retrouve dans le silence de cette belle campagne beaujolaise…Km 1, deux coureurs derrière nous nous interpellent en nous rappelant : “vous savez que vous avez 7 heures”. Un peu énervé, je lui rétorque que oui et que nous avons déjà une minute d'avance, ayant parcouru la première borne en 9 minutes pile… Si le serre-file nous marque à la culotte tout le long, ça va être  sympa…

Je prends mes marques en rentrant dans le rythme, nous progressons régulièrement en papotant, et je surveille mon chrono comme jamais je ne l'ai fait ici… 9’ au kil c’est la cible qui me permettra de prendre quelque ravito au vol. Avant le 1er stop au 3ème km, nous sommes doublés par les 2 courses des petits, surpris de voir un grand chevalier Claymore à la main qui les encourage ! A ce premier ravito il n’y a plus personne bien sûr, et je prends un petit gobelet sans m'arrêter… Nous poursuivons sur ce rythme jusqu'au 10ème km au château de Pisey où là aussi la traversée des jardins à la française sans aucun bruit, sans rire, sans photographe, et le passage dans le chai souterrain quasi désert me laissent un goût bizarre…

Mais peu à peu nous allons sortir de cette solitude. Au km 13 on a 10 minutes d'avance sur le cut-off. Lida part devant de temps en temps pour profiter un peu plus des arrêts ravitos et petit à petit on remonte de joyeux fêtards avec qui on peut trinquer en musique avant de repartir en cour… marchant. C’est drôle je pratiquais cela pendant des années, courant de stop en stop, en taquinant les coureurs plus lents qui ne s'arrêtaient presque jamais et au final finissaient en même temps que nous…

A la sortie du château de la Terrière (km 16), où les cors de chasse se sont tus avant que l’on n’arrive, l’inévitable Patrick “Alors, peut-être” Montel, toujours dans les bons coups, est là sur le bord de la route et tend le micro au chevalier sorti des Visiteurs pour un bref échange sympa où il s’inquiète (pas trop) de mon ischio, et je repars ; j’aurai le petit plaisir de visionner ce mini reportage sur les réseaux sociaux quelques jours plus tard !

Le ravito musical toujours très animé du km 18 en sortie d’un petit parc en dévers à Saint-Lager nous accueille avec la bonne surprise de retrouver Moïse, MarieNo et quelques autres légendes des marathons festifs en pleine dégustation ! Peu à peu, ce marathon se normalise !

 

Après le semi, que l’on a passé en 3h27 soit tout à fait dans les temps, il y a ce petit bistrot où nous avons l’habitude de profiter de quelques huîtres arrosées d'un petit verre de vin blanc en plus du ravito officiel. Lorsqu’on arrive là, le chrono est à 3h40, et le bistrot est vide, le ménage a été fait…. petite frustration…

Au km 22 à la sortie du village de Charentay et au pied d'une belle petite côte se trouve un des ravitos préférés de Lida, où elle est connue, reconnue et accueillie chaleureusement chaque année. Charcuterie, biscuits apéro, petits verres… je la laisse profiter avec ses hôtes et pars devant, toujours sur le fil du chrono… J’essaye de soigner le style, car mes hanches me font mal, mes pieds deviennent aussi un peu douloureux, j’essaie de me redresser et de me décontracter en conséquence. Pas facile la marche longue distance, je préfère la course !! J'avance dans mes pensées et juste avant le 30ème km je devine des conversations derrière moi dont des bribes en anglais. Ça y est, elle a recollé.

A l'entrée d’Arnas, on passe le km 30 en 5h00, pile sur le cut-off sachant qu’on a quelques minutes de plus étant partis du fond du peloton.

Au bout d’une de ces longues lignes droites j’aperçois des couleurs vives, du jaune, du  rouge… ce sont Sylvie et Hervé, les légendaires M&Ms de Chably, accompagnés entre autres de Pompon le Suisse, qui me lance en riant: “Quoi, toi tu marches et tu vas finir avant nous?!”

Au dernier check point - tout à fait inattendu - à la sortie d’un chemin forestier qui débouche sur le château de Talancé, on se fait presque engueuler par un officiel qui nous surprend beaucoup en annonçant qu'on a 20 minutes de retard, ce qui à ma montre est tout à fait faux…. Arrêt éclair au petit ravito au bout de la boucle, dommage car c’est le dernier au calme avec les coureurs poètes épicuriens… et on  reprend la route;

Km 36, Lida a des nouvelles de Siobhan et Sophie, qui pointent au 39ème. Les km passent, et bientôt arrive cette longue descente au km 37-38, endroit dont on se rappelle précisément puisque brutalement le flot tumultueux des coureurs du 13km se déverse dans notre petite rivière de marathoniens, (en fait cette année le ruisseau est à sec, nous sommes 2 et peut-être une petit dizaine de super fêtards derrière)

Km 40 c’est le dernier ravito à l'entrée de Villefranche avec les petits morceaux d'entrecôte tant fantasmés, quel bonheur brutal! On y retrouve Arnaud le kiné bien atteint par la fatigue et une trop bonne hydratation régionale, tout en joie de nous retrouver. Nous poursuivons. 

 

On est sur 5 minutes de retard estimé, du velours, du grand art.

 

Le dernier km avant la descente rue Nationale est une enfilade de stands festifs, où toutes les variétés de Beaujolais sont représentées. Avec le peloton des 13 km, c'est la foire d'empoigne, les tentes sont inaccessibles sans faire la queue jusqu'à l'autre côté de la route. On surnomme instantanément ce passage "Bordayl Avenue” ! et passons tout droit.

 

Difficile de se freiner dans la longue descente des Champs Elysées de Villefranche et nous passons fièrement sous l’arche d'arrivée en 7h04, mission accomplie! Grand dekuji à Lida pour m’avoir accompagné tout long !

Siobhan et Sophie avaient 3 km d'avance sur nous, elles se sont régalées. Nono est arrivé à peine 10 minutes avant… en fait on était quasiment tous ensemble !

 

La nuit du Marathon sera le bouquet d'artifice final,  Les centenaires monteront sur l'estrade pour un clin d'œil collectif et la mise à l’honneur des néo-marathoniens, très nombreux ici.

Il y aura cette cérémonie des drapeaux que j’aime beaucoup, honorant les pays venus participer (70 nationalités cette année !) Je portais ce soir les couleurs irlandaises en l’honneur de Siobhan - j'avais porté les luxembourgeoises l'an dernier - et Lida le Tchèque bien sûr.

Nous ferons longue table entre les centenaires, les amis de la table d’André et cette année en invités d’honneur les italiens du Superclub Marathon Italia dont Nono et moi avons eu le grand plaisir de recevoir un polo et un débardeur. Notre marque d'engagement dans ce grand club, et symbole de l’objectif qui nous attend en 2023… Grande !!

Les Italiens mettront le feu, le Beaujolais coulera à flots, Jésus fêtera son 300ème marathon en nous offrant le fameux schweppes-cognac dont on s'abreuve au marathon du Cognac (le samedi précédent!)...et  l’orchestre assurera une ambiance de folie jusqu'à point d'heure…

 

L’an prochain, c’est sûr, je retournerai guerroyer sur ces terres pour y courir cette fois, même si je ne vais pas beaucoup plus vite, et d'autant plus que mon twin Nono sera devenu Centenaire en Italie si tout se passe comme prévu! 

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Invité
mardi 19 mars 2024

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